2020-2022 • CollEx-Persée DISSINVENT • "DISSidences de l’Est en exil : INVENTaire, histoires, pratiques documentaires"

Coordination Sophie Cœuré, professeure à l’Université de Paris (Paris Diderot)

Lauréat de l’appel à projet CollEx-Persée 2019-2020, le projet DISSINVENT – DISSidences de l’Est en exil : INVENTaire, histoires, pratiques documentaires s’inscrit dans une dynamique internationale de la recherche qui met l’accent sur le renforcement du travail concerté sur le document, numérique ou non, en ligne ou non, entre chercheurs et grands établissements patrimoniaux. L’objectif est d’identifier, de rendre visibles nationalement et internationalement et de valoriser les importantes collections françaises produites par les dissidences « de l’Est » en exil en France entre 1945 et 1991, tout en développant uneréflexion sur la particularité de ces corpus, leur histoire et leur description en différentes langues et en mettant en réseau les chercheurs et les professionnels de la documentation.

Porté conjointement par La contemporaine et par le laboratoire ICT (Identités, cultures, territoires, EA 337), Université de Paris, ce projet CollEx-Persée, d’un montant total de 130 800 euros, démarre à l’automne 2020 pour une durée de 21 mois.

Les objectifs sont organisés en 2 axes, correspondant à 2 phases successives :
1/ identification des collections publiques et privées situées en France, créés par les dissidents et exilés venus d’URSS et des pays d’Europe centrale et de l’Est socialistes (écrivains, artistes, scientifiques, professeurs, éditeurs, syndicalistes…) ; amélioration du signalement et de l’indexation ; échange d’expérience avec les institutions documentaires étrangères ; dissémination durable.
2/ réflexion interdisciplinaire sur l’histoire comparée des circulations de collections diasporiques, la notion de patrimoine documentaire clandestin/militant/exilé ; conseils aux chercheurs sur le dépôt et les usages de ces corpus.

Un corpus riche mais méconnu

Pendant toute la longue Guerre froide, les intellectuels, savants et artistes, militants politiques et syndicaux, exilés de l’Union soviétique et des pays européens à régime socialiste – l’Europe dite « de l’Est » – ont produit un important patrimoine documentaire. Celui-ci concerne tant leur activité de création, de publication et de recherche que leurs engagements politiques dans ce que l’on peut nommer très largement les « dissidences ». Ces hommes et ces femmes ont également été les acteurs de la collecte patrimoniale publique et privée, de son traitement et de sa valorisation, comme collectionneurs, donateurs ou en devenant eux-mêmes des professionnels de la documentation. Ils ont parfois écrit leur propre histoire, et ont été fréquemment sollicités depuis les années 1990 pour des témoignages audiovisuels.  La France a été un lieu d’accueil central pour cette émigration intellectuelle et politique, marquée par des circulations inter-européennes, avec la Russie et avec l’Amérique du Nord.

Le riche corpus documentaire des dissidences de l’Est n’a fait l’objet d’aucun programme de recherche en France. Le projet européen ERC COURAGE (“Cultural Opposition – Understanding the CultuRal HeritAGE of Dissent in the Former Socialist Countries”, 2016-2019) a créé la première base de données consacrée à l’opposition culturelle dans les pays européens à régime socialiste et a porté une réflexion théorique forte sur les collections. Le Project for the Study of Dissidence and Samizdat,porté par l’Université de Toronto et achevé en 2015 portait sur les publications clandestines soviétiques (en URSS et à l’étranger),  a proposé à la fois une sélection de documents numérisés, des chronologies et biographies et un accès à des interviews de témoins. Les collections françaises sont remarquablement absentes de ces deux programmes.

Les partenaires du projet DISSINVENT

La coordination scientifique sera assurée par Sophie Cœuré, professeure à l’Université de Paris (Paris Diderot), spécialiste des relations Russie-Europe, des communismes, de l’histoire des archives et par La contemporaine dont les fonds relatifs à l’Europe médiane et orientale sont internationalement reconnus pour toute l’histoire politique du XXe siècle.

Le partenariat rassemble les principaux établissements historiquement récipiendaires de ces collections et pouvant mobiliser un réseau de professionnels de la documentation pour cartographier les fonds et porter une réflexion sur la collecte et la valorisation, notamment numérique, ainsi que des partenaires scientifiques à même de créer une communauté de chercheurs en s’appuyant sur les réseaux existants :

La Bibliothèque universitaire des langues et civilisations (BULAC), bibliothèque de référence du réseau CollEX sur les études aréales (linguistique, littérature et civilisation de la Russie et des pays d’Europe balkanique, centrale et orientale) appuiera particulièrement le projet. Elle rassemble des collections imprimées couvrant la production éditoriale des exilés politiques et des dissidences, parfois constitués avec leur participation active. Elle abrite également quelques fonds d’archives (Archives de l’émigration ukrainienne) s’inscrivant dans le périmètre du projet.

La Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, bibliothèque de référence du réseau CollEx sur l’Allemagne et l’Europe médiane, conservant aussi des fonds  importants pour ces aires culturelles.

Le Centre d’études des mondes russe, caucasien et centre-européen (CERCEC UMR CNRS-EHESS 8083) laboratoire pluridisciplinaire de recherche en sciences sociales travaillant sur la vaste aire culturelle est-européenne et comprend une bibliothèque spécialisée et une iconothèque créée en 1985 par Marc Ferro. Le CERCEC sera le relais pour le GED Condorcet (bibliothèque et archives).

L’Institut des sciences sociales du politique (ISP) – UMR 7220 (Nanterre) comprend plusieurs chercheurs spécialistes de ces questions pour les aires culturelles concernées.

L’Institut d’études slaves, association d’utilité publique fondée en 1919, société savante liée à Sorbonne Université, qui développe  une action dynamique pour la valorisation et la numérisation de ses collections d’archives et manuscrits de chercheurs sur le monde slave, déposées dans sa riche bibliothèque (NUMERISLAV). L’IES est associé pour ses missions d’information de documentation et d’édition à l’UMR Cultures et sociétés d’Europe orientale, balkanique et médiane (UMR 8224 Eur ORBEM).

Eur’ORBEM est une unité mixte de recherche (UMR-8224) sous la double tutelle de la Faculté des Lettres – Sorbonne Université et du CNRS, qui se définit comme un centre de recherche fondamentale et d’information à diffusion large sur les cultures et expressions des pays d’Europe centrale, orientale et balkanique (histoire, histoire culturelle, littératures, arts et civilisations), et dans le champ des études aréales.

Le Centre de recherche Europe-Asie (CREE-INALCO, EA 4513), accueille des recherches transdisciplinaires et transaréales sur les relations intellectuelles Est-Ouest et la circulation internationale des savoirs dans la seconde moitié du XXe siècle (L’Europe médiane dans l’espace francophone à travers le texte de presse : corpus, circulations, représentations (XIXe-XXe s) ; Éditeurs et circulations internationales des publications depuis 1990). Le CREE travaille déjà en réseau avec la BULAC.