Des fauteurs de troubles aux promoteurs de l'ordre : la formation de l'Etat russe au prisme du renouveau cosaque dans la région de Volgograd (1989-2022)

Résumé :

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Cette recherche montre comment l’engagement cosaque, depuis sa réapparition à la fin des années 1980 jusqu’à nos jours, a pu défier l’État russe et participer à sa formation. Le renouveau de la cosaquerie est en effet passé d’une mobilisation contestataire plurielle et spontanée à des pratiques d’auxiliariat social qui se déploient dans des domaines aussi variés que l’engagement militaire, la promotion du patriotisme, l’éducation morale et spirituelle de la jeunesse ou la coproduction du maintien de l’ordre. L’invention d’une tradition cosaque de serviteurs de l’État et la fabrique d’un nouveau type d’engagement associatif incivil participent des technologies et dispositifs de pouvoir mis en place en Russie postsoviétique afin de mieux encadrer la population. Promoteurs de l’ordre étatique et porteurs d’un traditionalisme moral, les acteurs cosaques naviguent néanmoins en eaux troubles, l’État maintenant l’institution cosaque sous un statut hybride lui garantissant une certaine marge de manœuvre. En mobilisant les archives d’un journal cosaque édité à Volgograd depuis 1990 ainsi que les données récoltées dans le cadre d’une enquête ethnographique menée dans la région éponyme et en ligne, cette thèse analyse les processus de légitimation et de (dis)qualification de l’engagement cosaque en Russie. Elle met également en évidence les usages pluriels de cet engagement et l’existence, dans les plis du service public de la cosaquerie russe, d’espaces de résistance où se constituent des sujets critiques, animés par des intérêts multiples, des rêves de grandeur et des désillusions répétées. L’étude de cas s’avère aussi féconde pour penser le durcissement autoritaire du régime russe en termes de continuité entre les années 1990 et les années 2020, nuançant ainsi l’idée d’un « tournant conservateur » poutinien. Enfin, cette thèse éclaire, par le bas, les ressorts sociaux et politiques d’un État russe qui, en imposant une paix cosaque à ses citoyens, a également préparé le pays à la guerre.

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Jury

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• Mme Françoise Daucé (Directrice de thèse), EHESS
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• M. Gilles Favarel-Garrigues (Co-Directeur), CNRS
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• M. Hamit Bozarslan, EHESS
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• Mme Céline Marangé, IRSEM
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• Mme Aude Merlin, Université Libre de Bruxelles
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• Mme Kathy Rousselet, Sciences Po
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• Mme Ioulia Shukan, Université Paris-Nanterre
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