Type et date de soutenanceSoutenance de thèse

Être Ukrainien en France dans l'entre-deux-guerres. La constitution d'une communauté nationale en exil

Alisa Menshykova

Résumé

La recherche s'articule autour de la (re)construction de la communauté ukrainienne en France dans l'entre-deux-guerres. La question de l'identité nationale en tant que définition de soi et identification par autrui - États ou groupes nationaux - se trouve au cœur de cette étude. L'objet de la thèse se construit au fur et à mesure avec l'avancée de la recherche et présente une analyse des caractéristiques qui pourraient définir les Ukrainiens en tant que catégorie particulière. L’objet est hétérogène et composite puisque l’immigration ukrainienne en France est composée de groupes divers que nous réunissons dans cette catégorie. L’approche utilisée est double, traitant le sujet du point de vue des acteurs officiels et internationaux et examinant la vision des membres de la communauté émigrée elle-même. La recherche observe sous quelles formes la cristallisation d’une altérité ukrainienne, commencée à la fin du XIXe siècle, se poursuit à l'émigration, les facteurs et les conditions qui l’influencent étant différents du pays d'origine. Le travail présente le tableau bigarré du groupe conventionnel « Ukrainiens » en France qui se compose au fil des années 1920-1930 des Ukrainiens orientaux – anciens citoyens russes et autrichiens – et des Ukrainiens occidentaux originaires de la Galicie, incluse dans la Pologne restaurée. Il étudie les moyens pour identifier les membres d’un groupe ethnique qui se présentent en France sous des papiers qui ne reflètent pas leur appartenance nationale dans des conditions où la nationalité ukrainienne, outre soviétique, n’est pas reconnue officiellement. L’auteur propose des critères qui permettent de les identifier dans les sources des pays d’origine et du pays d’accueil en composant un corpus d’écrits fortement éparpillés sur la diaspora ukrainienne en France. Elle analyse les caractéristiques qui réunissent ou qui distinguent les groupes des Ukrainiens et qui aboutissent à la formation d’une communauté singulière à l’émigration ou les rapprochent des Russes ou des Polonais.  Les originaires des deux parties principales de l’Ukraine actuelle – orientale et occidentale – sont étudiés séparément, comme chacun des groupes possède des traits communs de départs et d’arrivée. Leur trajet et les conditions de leur séjour, leurs interactions avec le pays d’origine, le milieu d’accueil et les autres groupes nationaux en France sont analysés dans deux premières parties pour établir des profils-types. La troisième partie est consacrée à la convergence des deux groupes en France et l’établissement de la vie communautaire et associative. Ce travail présente ainsi une étude approfondie qui porte sur la constitution et la composition de la communauté où la (re)création d’une identité particulière ukrainienne à l’étranger occupe la place centrale.

Jury

  • M. Alain Blum (Directeur de thèse), EHESS
  • M. Dominique Arel, Université d’Ottawa
  • M. Etienne Boisserie, INALCO
  • Mme Iryna Dmytrychyn, INALCO
  • Mme Catherine Klein-Gousseff, CNRS
  • Mme Ioulia Shukan, Université Paris-Nanterre
Partager ce contenu